Les futurs carrossiers ont enfin leur CAP

La CCI 49 et le groupe Jean-Rouyer Automobiles ont noué un partenariat innovant pour co-construire un CAP Carrossier automobile qui ouvrira en septembre prochain à Cholet. Une toute nouvelle formation en apprentissage sur un métier en tension pour répondre aux besoins en recrutement de la filière et du territoire.

Le groupe choletais Jean-Rouyer Automobiles, l’un des leaders nationaux dans le secteur de la distribution automobile, a poursuivi sa croissance en 2023 en passant le cap des 50 000 véhicules vendus. Pourtant, « les délais de livraison et de réparation sont encore trop longs pour les clients », regrette Jérôme Moinard, son président. La faute notamment à un manque de carrossiers (au moins une quinzaine actuellement sur l’ensemble du groupe). Et pour cause : mis à part un CAP en maintenance automobile, il n’y avait jusqu’ici pas de formation spécifique en carrosserie proposée à Cholet. « C’est un parcours de formation qui manquait vraiment dans le Choletais, un territoire avec un bassin d’emplois pourtant très dynamique dans l’automobile et notamment dans la carrosserie », explique la directrice des ressources humaines du groupe Jean-Rouyer, Fabienne Guérin. « C’était problématique pour les jeunes intéressés par ce métier, mais sans solution de mobilité, leurs familles et les entreprises. Il fallait répondre à ce besoin. ».

Valoriser un diplôme technique

Afin de pallier ce manque, les premiers contacts avec la CCI sont initiés dès l’été 2022. 

« Nous avons une école en interne pour former des vendeurs donc nous aurions pu faire la même chose pour les carrossiers. Mais nous sommes un groupe historiquement attaché au territoire choletais et cela me tenait personnellement à cœur de créer un diplôme reconnu par l’État. En France, on ne valorise pas assez les filières ni les diplômes techniques, alors qu’ils permettent de trouver du travail dès la sortie de formation. J’ai moi-même une formation technique puisque mon premier diplôme était un CAP de tourneur-fraiseur », témoigne Jérôme Moinard. « Nous avions également identifié ce besoin auprès de nos jeunes, mais la carrosserie nécessite des équipements spécifiques et des locaux adaptés que nous n’avions pas », complète Sandrine Capèle, directrice formation à la CCI de Maine-et-Loire. 

Le groupe Jean Rouyer Automobiles a trouvé la solution en libérant un atelier de 300 m² dans la zone du Cormier. La CCI a investi 120 000 € dans le matériel pour que tout soit prêt d’ici la rentrée de septembre. La première « promotion » sera composée de deux groupes d’une quinzaine de jeunes (accessible dès 14 ans) : le premier en formation classique (deux ans) ; et le deuxième pour ceux qui bénéficient déjà d’un niveau de diplôme au moins équivalent et qui souhaitent se reconvertir avec une formation accélérée en un an. Tous seront en alternance : 13 semaines de cours et 34 en entreprise, dans le groupe Rouyer évidemment, mais aussi dans d’autres entreprises choletaises. La partie théorique des cours sera dispensée dans les locaux d’Eurespace Formation, tandis que la partie pratique se déroulera dans l’atelier du groupe Rouyer. 

« Il y a eu un vrai travail partenarial entre les équipes d’Eurespace et celles du groupe Rouyer pour co-construire cette nouvelle formation », se réjouit Sandrine Capèle. « C’est un partenariat gagnant-gagnant et qui a du sens pour toutes les parties prenantes », confirme Fabienne Guérin. 

Un métier d’avenir

Comme beaucoup de métiers, celui de carrossier a beaucoup évolué ces dernières années. « Il ne s’agit plus seulement de redresser de la tôle », ajoute Fabienne Guérin. « Avec toutes les nouvelles technologies intégrées dans les voitures pour la sécurité, comme les caméras de recul et les pièces de différents matériaux (aluminium, composite, thermoplastique…), il faut des connaissances très pointues. » Un métier de plus en plus technique donc et qui a de l’avenir, car même avec des motorisations de plus en plus vertes, la carrosserie reste un élément indispensable pour tout véhicule.

Fort de sa belle croissance et de récentes acquisitions de nouveaux points de ventes à Cholet mais aussi à Angers, le groupe Rouyer peut se permettre de choyer ses carrossiers « Nous offrons de très bonnes conditions de travail », assure Jérôme Moinard. « Chez nous, un carrossier en sortie d’école démarre à 1 900 €, sur une base de 35 heures par semaine. Avec les primes, on peut vite monter à 2 000 €. Et il y a rapidement des possibilités d’évolution de carrière vers des postes de carrossier-peintre, puis manager d’équipes… ». 

Ce partenariat d’un nouveau genre pourrait encourager d’autres entreprises à ouvrir davantage leurs portes aux jeunes apprentis.

©Charles Dubré – article de l’Anjou Eco n°75 mai 2024

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