Le CFA, acteur de l’égalité hommes-femmes

La vie au CFA

Le CFA, acteur de l'égalité hommes-femmes

Comment les apprentis sont sensibilisés à l’égalité hommes-femmes au cours de leurs formations ? Le CFA de la CCI de Maine-et-Loire mène régulièrement sur ses trois sites des actions collectives autour de la diversité pour lutter contre les stéréotypes de genre et promouvoir une plus grande mixité des métiers.

Nancy Maurille, médaille d'argent aux WorldSkills
Nancy Maurille, médaille d’argent aux WorldSkills

En 2023, les jeunes femmes peuvent réaliser leur rêve de faire carrière dans les métiers du bâtiment. Nancy Maurille en est sans doute l’un des plus brillants exemples. La native des Mauges, formée à Eurespace Cholet, a décroché en novembre dernier en Italie la médaille d’argent aux prestigieux concours WorldSkills – nouvelle appellation des Olympiades des métiers – dans la catégorie peinture-décoration. Aujourd’hui, la jeune et talentueuse peintre-décoratrice vit et travaille dans les Vosges après avoir réalisé son apprentissage chez Évelyne Deco, à Montrevault-sur-Èvre. « Nancy est une formidable ambassadrice pour la mixité au sein du CFA », se réjouit Sandrine Capèle, directrice du CFA à la CCI de Maine-et-Loire. « Nous sommes extrêmement fiers de valoriser dès que nous en avons l’occasion les parcours de nos jeunes et nous les invitons à témoigner de leur expérience auprès de collégiens. Les stéréotypes de genre sont très ancrés dans les mentalités et il y a encore beaucoup de travail à faire pour avoir plus de jeunes filles dans les filières du BTP et plus de jeunes garçons dans les filières comme la coiffure ou l’administration-gestion par exemple ».

Déconstruire les clichés

La sensibilisation à toutes les formes de diversité (handicap, égalité hommes-femmes…) fait partie des missions prioritaires du CFA. « Nous avons un engagement éducatif fort vis-à-vis des jeunes que nous accueillons dans nos 17 filières de formation. Ils ne passent que quelques années chez nous, mais ils vivent des moments clés car ils sont encore dans l’adolescence, en pleine construction de leur future identité professionnelle et personnelle. Nous les accompagnons pour qu’ils deviennent des professionnels compétents dans leur domaine, mais également des adultes responsables et respectueux. Et pour cela il faut les faire réagir, les questionner, sans jugement et sans être donneur de leçons, pour qu’ils déconstruisent certains clichés, certains mécanismes et les aider à imaginer de nouveaux codes », insiste Sandrine Capèle. Les sites d’Angers et Cholet proposent des modules par petits groupes sur la notion de respect et le Centre Pierre Cointreau à Angers accueille régulièrement des expositions. C’était encore le cas fin 2022, pendant un mois, avec « Tous les métiers sont mixtes » et « Égalité Filles-Garçons, parlons-en ».

Un temps fort de deux semaines à Saumur

L’Espace Formation du Saumurois est particulièrement engagé dans cette démarche puisqu’il organise pendant deux semaines l’évènement « Nous les hommes et les femmes ». « Lors de la dernière édition en novembre, nous avons commencé par montrer aux apprentis le film « Jusqu’à la garde », qui traite des violences conjugales », explique Marine Letessier, chargée d’accompagnement social et professionnel et qui coordonne ces actions à Saumur. « Puis, nous avons ouvert un débat avec des intervenants extérieurs comme Emmaüs Habitat Solidarité ou la Maison de protection des familles. Nous avons aussi projeté aux apprentis de premières années des courtes vidéos de la Maison des ados sur les stéréotypes de genre. Elles montrent comment peuvent débuter les violences : elles n’apparaissent pas du jour au lendemain, c’est une escalade. Elles montrent aussi les différentes formes de violence : verbales, psychologiques, physiques, économiques, sexuelles… ». Certains apprentis ont ensuite réalisé eux-mêmes des affiches, en s’étant inspirés des vidéos, avec comme message commun : « C’est normal, non ? Non ! ».

Autre exemple, des ateliers à destination des premières années abordaient les violences et leurs banalisations. Le module sur les réseaux sociaux était animé par l’association Génération numérique et ceux sur le cybersexisme par deux conseillères conjugales et familiales. « On adapte les activités aux besoins de chaque groupe. L’idée n’est pas de diaboliser les hommes, loin de là, mais de mettre chacun face à ses responsabilités car la clé pour agir et réagir est la connaissance », ajoute Marine Letessier. Le CFA s’est par ailleurs associé aux animations (expositions, ateliers violentomètre, théâtre forum) organisées à Saumur dans le cadre de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier. « C’est très important pour nous de travailler conjointement avec d’autres acteurs de l’agglomération (ville de Saumur, centre hospitalier, Emmaüs, Solidarité Femmes 49, CIDFF, Le Planning Familial 49…). On veut permettre aux jeunes de s’exprimer, de définir les choses, tout en les sensibilisant au cadre légal pour les aider à se protéger si nécessaire », précise Sandrine Capèle. Une façon d’encourager les jeunes à mettre des mots sur leurs maux.

Charles Dubré
Article issu de l’Anjou Éco n°70 (février 2023) : https://www.maineetloire.cci.fr/anjou-eco

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